Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/366

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tout ce qui lui avait été enjoint. Quand cet ordre arriva chez lui, sa femme se mit à pleurer amèrement de ce qu’un tel crime avait lieu par le ministère de son mari.

Quand l’homme de Dieu sut que sa fin approchait, il consola cette femme en pleurs, et lui dit : « Je t’en prie, ne pleure pas sur ma mort ; il ne t’en sera nullement demandé compte ; bien au contraire, si tu déposes dévotement mon corps dans un sépulcre, tu recevras la bénédiction du ciel. » Ayant ainsi parlé, et pressé par les serviteurs, il lui dit adieu, et fut conduit dans une forêt où ils devaient exécuter la sentence. Ils avaient auparavant cherché un puits pour y cacher son corps comme ils en avaient reçu l’ordre ; mais ils ne purent en trouver aucun. Ils le menèrent par des lieux inconnus jusqu’à un certain endroit où il s’arrêta, et leur dit : « Il est inutile, mes enfants, de vous fatiguer plus longtemps ; faites tout de suite ce pourquoi vous êtes venus, et remplissez la volonté du méchant. » Ceux qui le menaient pour le tuer étaient quatre ; trois se jetèrent à ses pieds, le suppliant de leur pardonner, et de daigner leur accorder sa bénédiction. Le quatrième se tenait avec orgueil, le glaive hors du fourreau, et prêt à frapper. Après que l’homme de Dieu eut béni ses bourreaux, et leur eut annoncé la parole du Seigneur, il se prosterna et pria ainsi : « Seigneur Dieu tout-puissant, Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, par qui nous connaissons, Dieu des vertus et créateur de toute créature, je te bénis et te glorifie, de ce que tu as daigné m’amener à ce jour de combat ; je te prie et te supplie, Seigneur, de vouloir bien me faire ressentir la