Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/372

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évêques glissa la main sous le manteau de l’autel pour en retirer la vraie décision de Dieu. Tous les assistants virent, connurent et proclamèrent que le droit était pour l’évêque Ansoald, parce qu’ainsi le décida le billet retiré qui devait être tenu pour vrai. L’affaire ainsi terminée sans aucun doute, le pontife Ansoald ordonna à son abbé, homme de Dieu, nommé Audulf, d’aller en toute hâte là où était le saint corps, et de le transporter, avec tout le respect qui lui était dû, au territoire de Poitiers, afin que là où il avait autrefois commencé à exercer le culte de Dieu, là aussi brillât de tout temps le flambeau de son nom. L’homme de Dieu obéit aux commandements de son évêque, et, plein de joie, se rendit en hâte au lieu où reposait le corps. À cette nouvelle tous les moines qui habitaient prés de là, et beaucoup d’hommes et de femmes, touchés d’une grande dévotion, accoururent avec précipitation ; guéris tout à coup de diverses maladies ils se livraient à la joie et célébraient les louanges du saint ; une troupe très nombreuse chantait et pleurait en même temps, et tous, comme l’avait ordonné le glorieux roi Théodoric, enlevèrent le corps du saint martyr. Lorsqu’ils furent en route et que la nouvelle s’en répandit, tout le long du chemin, de droite et de gauche, une multitude de moines et de clercs arrivaient spontanément de tous les bourgs et villes, venant au devant, portant des croix, des cierges allumés, et semant des parfums. Il y avait une telle foule que l’on pouvait à peine approcher du cercueil et poser les bouts de la litière sur les épaules des porteurs. Quiconque, affligé d’une infirmité, pouvait seulement arriver jusqu’à la bière et la toucher de