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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

s’il faisait périr un homme noble, puissant, agréable au peuple par sa fidélité et sa justice, il changea insensiblement de dessein, et commença à porter plus de respect à l’illustre duc.

Enfin la haine que le roi avait conçue s’apaisa et fut changée en bienveillance, tellement qu’il envoya sans aucune méfiance son fils Sigebert régner en Austrasie[1], sous la tutelle de celui dont la fidélité et l’utile habileté éprouvées par lui-même avaient, du vivant de son père, fait prospérer sous ses lois l’administration de cette partie de son royaume, et par qui, après la mort de celui-ci, tous ses ennemis vaincus, il était parvenu à la possession générale de ses États. Par les très-sages conseils du même guide, la même prospérité passa à son fils, et durant le règne de Sigebert, mais sous la régence de Pépin et avec son secours, les Austrasiens défendirent vigoureusement leurs frontières contre les barbares qui jusqu’alors avaient coutume de les fatiguer de leurs incursions. Après la mort de Dagobert, Pépin aurait fait transférer à Sigebert tout le royaume des Francs[2], si, après une division de ce royaume, faite du temps de Dagobert, Sigebert ne s’était engagé envers son père à se contenter de l’Austrasie, et à laisser la France à son jeune frère Clovis. Cependant les riches trésors de Dagobert étaient demeurés tout entiers en la puissance de Clovis et de sa mère, la reine Nantéchilde. Pépin en réclama le partage avec l’évêque Chunibert, l’obtint comme il le souhaitait, reçut la part légitimement due au roi Sigebert, et la lui fit porter à Metz.

  1. En 633.
  2. En 638.