Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/52

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préparèrent à le faire tomber dans des piéges. Ayant placé son camp sur une petite rivière proche de la ville, il se mit à faire festin et s’enivra, éclatant en injures et en blasphèmes contre les Goths, qui, survenant à l’improviste, le surprirent, avec ses conviés, au milieu de leur repas. Alors ceux-ci, poussant des cris, sortirent contre les Goths. Ces derniers résistèrent peu et feignirent de prendre la fuite. Mais, comme les autres les poursuivaient, les gens qu’ils avaient mis en embuscade se levèrent, les entourèrent, et en firent un grand carnage. Ceux qui purent échapper, montant à cheval, se dérobèrent à grand-peine par la fuite, laissant par les champs tout leur mobilier, n’emportant avec eux rien de ce qui leur appartenait, et tenant à grand bonheur d’avoir la vie sauve. Les Goths, en les poursuivant, ramassèrent tous leurs effets, les emportèrent, emmenèrent captifs tous les piétons, et tuèrent prés de cinq mille hommes. Ils en emmenèrent captifs plus de deux mille, mais en relâchèrent un grand nombre, qui retournèrent dans leur paysxxxvi.

Le roi irrité ordonna de fermer tous les chemins de son royaume, afin que personne du royaume de Childebert ne trouvât passage à travers son territoire, disant : « C’est par la perfidie qu’il a eue de faire alliance avec le roi d’Espagne, que mon armée a été détruite, et il a envoyé vers lui , afin que les villes ne se soumissent pas à ma puissance. » Il s’aboutait encore à ceci un autre foyer d’aigreur : Childebert songeait à envoyer à Soissons son fils aimé, nommé Théodebert ; ce qui donnait des soupçons au roi Gontran, car il disait : « Mon neveu envoie son fils à