Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/59

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du régisseur qui tomba mort. Le fils du mort voyant cela, porta à Waddon un coup de lance qui, l’atteignant au milieu du ventre, le perça de part en part, en sorte que le fer lui sortait par le dos. Il tomba à terre. Alors les gens qu’on avait rassemblés arrivèrent en foule, et commencèrent à l’accabler de pierres. Quelques-uns des siens qui l’avaient accompagné, pénétrèrent jusqu’à lui à travers cette pluie de pierres, le couvrirent d’un manteau, et ayant apaisé le peuple, son fils, en pleurant, le plaça sur un cheval, et le ramena chez lui encore en vie ; mais bientôt il rendit l’esprit au milieu des larmes de sa femme et de ses fils. Après qu’il eut péri si malheureusement, son fils se rendit vers le roi, et obtint ses biensxlii.

Dans cette même année de son règne, Childebert était avec sa femme et sa mère dans le territoire de la ville qu’on appelle Strasbourgxliii. Alors les hommes vaillants qui vivaient dans la ville de Soissons et dans celle de Melun, vinrent à lui et lui dirent : « Donne-nous un de tes fils, afin que nous le servions, et qu’ayant avec nous quelqu’un de ta race, nous opposions plus de résistance aux ennemis, et nous appliquions à défendre ta ville. » Réjoui de cette demande, il résolut de leur envoyer Théodebert, son fils aîné, et, le septième mois [août] de cette année, le fit partir avec des comtes, des domestiques, des intendants, des gouverneurs, et tous ceux qui étaient nécessaires au service royal, se conformant ainsi au désir de ceux qui lui avaient demandé de le leur envoyer. Le peuple le reçut avec beaucoup de joie, et demandant à la miséricorde divine de lui accorder, ainsi qu’à son frère, une vie plus longue que celle de son aïeul.