Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/60

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Alors était dans la ville de Soissons Droctégésile, qui, à ce qu’on dit, par excès de boisson, avait perdu le sens depuis quatre années. Comme sa folie le tenait davantage lorsqu’il était dans les murs de la ville, beaucoup assuraient que ce mal lui était arrivé à cause du renvoi de l’archidiacre, qu’il avait dépouillé de sa dignité. En effet, lorsqu’il sortait des murs, il se trouvait mieux. Le roi Théodebert étant venu à la ville [Soisson], comme nous l’avons dit, dans le temps où il se portait mieux, on ne permit pas à Droctégésile d’y rentrer, à cause de son arrivée. Quoiqu’il fût vorace à table et buveur outre mesure, et plus qu’il ne convient à la prudence sacerdotale, on n’a jamais dit qu’il fût tombé dans l’adultère. Un synode d’évêques s’étant ensuite assemblé dans le village de Sorcixliv, il fut ordonné qu’on lui permettrait de rentrer dans sa ville.

La reine Faileube était malade de l’enfantement d’un fils mort en naissant, lorsqu’il lui parvint que certaines gens s’efforçaient d’agir contre elle et contre la reine Brunehault. Lorsqu’elle fut relevée de sa maladie, elle se rendit en présence du roi et lui découvrit, ainsi qu’à sa mère, tout ce qu’elle avait appris. Il lui avait été dit que Septimine, gouvernante de ses enfants, voulait persuader au roi de renvoyer sa mère, de délaisser sa femme et d’en prendre une autre, afin de faire avec lui tout ce qu’on voudrait, ou d’en tout obtenir par des prières. Que si le roi refusait d’acquiescer à ce conseil, on devait le faire mourir par des maléfices, élever ses fils à la royauté, après en avoir éloigné leur mère et leur aïeule, et gouverner en leur nom le royaume. Elle nomma, pour avoir pris part à ces