Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/151

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à quand demeureras-tu ici comme un insensé ? Tu ne peux longtemps résister au roi ; voilà que tes provisions finies, vaincu par la faim, tu sortiras, te livreras entre les mains de tes ennemis et mourras comme un chien. Écoute plutôt mes conseils, et soumets-toi au roi, afin que tu vives, toi et tes fils. » Ébranlé par ce discours, Munderic dit : « Si je sors, je serai pris par le roi, et il me tuera, moi et mes fils, et tous les amis qui sont ici réunis avec moi. » À quoi Arégésile répondit : « Ne crains rien ; car, si tu veux sortir, reçois-en mon serment, il ne te sera rien fait, et tu viendras sans danger en présence du roi. Tu n’as donc rien à redouter, et tu seras près de lui ce que tu étais auparavant. » À quoi Munderic repartit : « Plût à Dieu que je fusse sûr de n’être pas tué ! » Alors Arégésile, les mains posées sur les saints autels, lui jura qu’il pouvait sortir sans crainte. Après avoir reçu ce serment, Munderic sortit d’abord du château tenant par la main Arégésile ; les gens d’Arégésile les regardaient en les voyant venir de loin. Alors Arégésile, selon le signal dont il était convenu, dit : « Que regardez-vous donc avec tant d’attention, ô hommes ! N’avez-vous jamais vu Munderic ? » Et aussitôt ils se précipitèrent sur lui. Mais lui, comprenant la vérité, dit : Je vois clairement par ces paroles que tu as donné à tes gens le signal de ma mort, mais, je te le dis, puisque tu m’as trompé par un parjure, personne ne te verra plus en vie ; et, d’un coup de sa lance dans le dos, il le transperça. Arégésile tomba et mourut. Ensuite Munderic, à la tête des siens, tira l’épée et fit un grand carnage du peuple, et, jusqu’à ce qu’il rendit l’esprit, il ne s’arrêta point de tuer tout