Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/160

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m’accorder sa vie ; et, si tu veux ne pas le tuer, je te donnerai, pour le racheter, ce que tu voudras. » Mais Clotaire, après l’avoir accablé d’injures, lui dit : « Repousse-le loin de toi, ou tu mourras certainement à sa place ; c’est toi qui m’as excité à cette affaire, et tu es si prompt à reprendre ta foi ! » Childebert, à ces paroles, repoussa l’enfant, et le jeta à Clotaire, qui, le recevant, lui enfonça son couteau dans le côté, et le tua, comme il avait fait à son frère. Ils tuèrent ensuite les serviteurs et les gouverneurs ; et après qu’ils furent morts, Clotaire, montant à cheval, s’en alla, sans se troubler aucunement du meurtre de ses neveux, et se rendit, avec Childebert, dans les faubourgs. La reine, ayant fait poser ces petits corps sur un brancard, les conduisit, avec beaucoup de chants pieux et une immense douleur, à l’église de Saint-Pierre xxx, où on les enterra tous deux de la même manière. L’un des deux avait dix ans, et l’autre sept.

Ils ne purent prendre le troisième, Clodoald, qui fut sauvé par le secours de braves guerriers ; dédaignant un royaume terrestre, il se consacra à Dieu, et, s’étant coupé les cheveux de sa propre main, il fut fait clerc. Il persista dans les bonnes œuvres, et mourut prêtre.

Les deux rois partagèrent entre eux également le royaume de Clodomir. La reine Clotilde déploya tant et de si grandes vertus qu’elle se fit honorer de tous. On la vit toujours assidue à l’aumône, traverser les nuits de ses veilles, et demeurer pure par sa chasteté et sa fidélité à toutes les choses honnêtes ; elle pourvut les domaines des églises, les monastères et tous