Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/169

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envers Clotaire, s’étant uni à son neveu Théodebert, ils partagèrent l’or entre eux et n’en voulurent rien donner au roi Clotaire ; mais lui, étant tombé sur les trésors de Clodomir, en enleva beaucoup plus qu’ils ne lui en avaient dérobé.

Théodebert marcha en Italie[1] [en 539], et y fit beaucoup de conquêtes ; mais, comme ces lieux sont, dit-on, malsains, son armée fut tourmentée de diverses sortes de fièvre, beaucoup des siens y moururent ; ce que voyant, Théodebert revint, rapportant, lui et les siens, beaucoup de butin[2] xxxvii. On dit cependant qu’il alla jusqu’à la ville de Pavie, dans laquelle il envoya ensuite Buccelin qui, s’étant emparé de la basse Italie xxxviii, et l’ayant réduite sous la puissance desdits rois, marcha vers la haute Italie, où il combattit dans un grand nombre d’occasions contre Bélisaire, et obtint la victoire. Ce que voyant l’empereur, irrité de ce que Bélisaire était vaincu si souvent, il mit à sa place Narsès ; et, comme pour rabaisser Bélisaire au dessous de ce qu’il avait été, il le fit comte des écuries. Buccelin livra un grand combat à Narsès, et, ayant pris toute l’Italie, s’étendit jusqu’à la mer. Narsès en ayant instruit l’empereur, celui-ci prit des hommes à sa solde et envoya du secours à Narsès, qui fut ensuite vaincu

  1. En 539.
  2. Théodebert était entré en Italie comme allié des deux peuples qui se la disputaient alors, les Ostrogoths et les Grecs ; il avait promis ses secours à l’un et à l’autre, et leur fit la guerre à tous deux, uniquement occupé de faire, pour son propre compte, des conquêtes et du butin. Cependant le résultat de cette expédition fut la cession, au roi Franc, des provinces que possédaient encore les Ostrogoths, et que réclamaient toujours les empereurs de Constantinople, dans le midi de la Gaule. Vitigès, roi des Ostrogoths, en fit l’abandon à Théodebert en 539, et Justinien le confirma en 540, en renonçant formellement à tous ses droits.