Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/258

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pasteur, qui est mort pour nous, a dit : J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pris de cette bergerie, il faut aussi que je les amène ; elles écouterons ma voix, et il n’y aura qu’un troupeau et qu’un pasteur[1] xxvi. Ainsi donc, si vous voulez croire comme moi, soyez un seul troupeau, dont je serai le pasteur ; sinon éloignez-vous de ce lieu. » Ils demeurèrent quelques jours troublés et en suspens ; enfin, le troisième jour, par l’effet, à ce que je crois, des prières de l’évêque, ils se réunirent, et lui firent dire : « Nous croyons en Jésus, fils du Dieu vivant, qui nous a été promis par la voix des prophètes, et nous vous demandons de nous laver par le baptême, afin que nous ne demeurions pas dans notre péché. » Le pontife, réjoui de cette annonce, se rendit, le matin de la sainte Pentecôte, après les Vigiles, au baptistaire situé hors des murs de la ville xxvii. Là, toute la multitude, prosternée devant lui, implora le baptême, et lui, pleurant de joie, les lava tous dans l’eau sainte, les oignit du saint chrême, et les réunit dans le sein de la mère Église. Les cierges brillaient, les lampes brillaient, l’éclat de ce blanc troupeau se répandait sur toute la cité. La joie de la ville ne fut pas moindre que celle de Jérusalem, lorsqu’il lui fut permis de voir autrefois l’Esprit saint descendre sur les apôtres. On en baptisa plus de cinq cents : ceux qui ne voulurent pas recevoir le baptême quittèrent la ville, et se rendirent à Marseille xxviii.

Après cela, mourut Brachius [Brachion], abbé du monastère de Menat[2] [Puy de Dôme, arr. Riom]. Il était Thuringien de naissance, et avait

  1. Évang. sel. S. Jean, chap. 10, v. 16.
  2. Dans le diocèse de Clarmont, en Auvergne.