Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/266

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silique de Saint-Germain, s’enfuit de nouveau et parvint à rejoindre la reine Brunehault ; mais les Austrasiens xli ne voulurent pas les recevoir. Son père fit marcher une armée en Champagne, pensant qu’il y était caché ; mais cette armée ne fit pas de mal et ne put trouver Mérovée.

Comme au temps où Alboin avait passé en Italie, Clotaire et Sigebert[1] xlii avaient placé, dans le lieu qu’il quittait, des Suèves et d’autres nations, ceux qui avaient accompagné Alboin, étant revenus du temps de Sigebert, s’élevèrent contre eux, et voulurent les chasser et les faire disparaître du pays[2] xliii ; mais eux leur offrirent la troisième partie des terres, disant : « Nous pouvons vivre ensemble, sans nous combattre. » Les autres, irrités parce qu’ils avaient auparavant possédé ce pays, ne voulurent aucunement entendre à la paix. Les Suèves leur offrirent alors la moitié des terres, puis les deux tiers, ne gardant pour eux que la troisième partie. Les autres le refusant, les Suèves leur offrirent toutes les terres et tous les troupeaux, pourvu seulement qu’ils renonçassent à combattre ; mais ils n’y consentirent pas, et demandèrent le combat. Avant de le livrer, ils traitèrent entre eux du partage des femmes des Suèves, et de celles qu’aurait chacun après la défaite de leurs ennemis qu’ils regardaient déjà comme morts ; mais la miséricorde de Dieu qui agit selon sa justice les obligea de tourner ailleurs leurs pensées, car le combat ayant été livré,

  1. Clotaire était mort (en 561) lorsque Alboin et les Lombards, avec plusieurs bandes de Saxons, passèrent en Italie (en 568). Sigebert avait permis à des bandes Suèves de s’établir sur le territoire délaissé.
  2. Voir, sur les causes de ce retour des bandes Saxonnes dans leur ancien territoire, le livre précédent, pag. 201-203.