Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/275

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jette, rejette loin de toi ces trésors, ô évêque ! de peur qu’ils ne fassent naître quelque querelle. J’en rendis donc encore deux ; les deux autres me demeurèrent. Et toi, comment maintenant peux-tu me calomnier et m’accuser de vol, puisque ces choses ne peuvent être regardées comme volées, mais remises en ma garde ? » Le roi dit à cela : « Si ces valises ont été remises entre tes mains pour les garder, pourquoi en as-tu ouvert une et coupé en partie une frange tissue de fil d’or, que tu as donnée à des hommes pour qu’ils me chassassent de mon royaume ? » L’évêque Prétextat répondit : « Je t’ai déjà dit que, comme j’avais reçu d’eux des présents, n’ayant point à moi de quoi leur en faire, j’empruntai cela et le leur donnai en retour. Je regardais comme à moi ce qui appartenait à mon fils Mérovée que j’ai tenu sur les fonts baptismaux liii. » Le roi Chilpéric, voyant qu’il ne pouvait l’emporter sur lui par ces calomnies, nous quitta très interdit et troublé par sa conscience ; il appela à lui quelques-uns de ses flatteurs, et leur dit : « J’avoue que l’évêque m’a vaincu par ses paroles, et je sais bien que ce qu’il dit est vrai ; que ferai-je donc maintenant pour accomplir contre lui la volonté de la reine ? » et il leur dit : « Allez le trouver et dites-lui, comme si vous lui donniez de vous-même ce conseil : Tu sais que le roi Chilpéric est bon et facile à toucher, qu’il se laisse promptement fléchir à la miséricorde. Humilie-toi devant lui, et dis avoir fait les choses dont il t’accuse ; alors nous nous prosternerons tous à ses pieds et obtiendrons qu’il t’accorde ton pardon. » Séduit par eux, l’évêque Prétextat promit de faire ce qu’ils lui conseillaient. Le matin arrivé, nous