Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pauvres encore plus abondamment qu’il n’avait coutume de faire, et, à cause de ses bonnes intentions, Dieu ne permit jamais qu’il en manquât. Je ne passerai pas sous silence ce que le Seigneur lui envoya par la suite. Narsès, duc d’Italie, avait dans une certaine ville une grande maison. Étant venu en Italie avec beaucoup de trésors, il arriva à la ville dont je parle, et là fit creuser secrètement dans sa maison une grande citerne dans laquelle il plaça beaucoup de milliers de pièces d’or et d’argent, et, ayant fait tuer ceux qui en étaient instruits, il ne mit dans le secret qu’un vieillard à qui il fit jurer de n’en rien dire. Après la mort de Narsès [En 588], ces trésors demeuraient ensevelis sous la terre. Le vieillard dont j’ai parlé voyant les constantes aumônes de Tibère, alla le trouver en disant : « S’il doit m’en revenir quelque profit, je te découvrirai, César, une chose importante. — Dis ce qu’il te faut, répondit celui-ci ; si tu nous apprends quelque chose d’avantageux pour nous, tu y trouveras ton profit. — J’ai, dit le vieillard, les trésors cachés de Narsès, et, parvenu au terme de ma vie, je ne saurais les cacher. » Alors Tibère César, fort joyeux, envoya en ces lieux ses serviteurs. Le vieillard les précédait et eux le suivaient étonnés. Parvenus à la citerne, et l’ayant découverte, ils y entrèrent et y trouvèrent tant d’or et d’argent qu’on eut grand’peine à emporter en plusieurs jours tout ce qu’elle contenait. Ce que Tibère retira de là fut encore plus largement distribué aux pauvres.

Il s’éleva une émeute contre les évêques Salone et Sagittaire ; élevés tous les deux par saint Nicet, évêque de Lyon, ils avaient obtenu le diaconat. En