Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/287

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avons alliance ensemble ; je te prie d’éloigner toute embûche de ceux qui m’appartiennent ; je ne t’empêche pas d’enlever tant que tu voudras les choses que je possède, mais que seulement, nu s’il le faut, je puisse avec mes filles arriver où j’ai dessein d’aller. » Mais l’autre, plein de vanité et d’insolence, dit : « Voilà la corde avec laquelle j’ai attaché les autres coupables que j’ai conduits au roi ; elle me servira aujourd’hui à t’attacher et te conduire vaincu. » En disant ces mots, pressant son cheval des deux talons, il se précipita rapidement sur Gontran, et lui porta un coup à faux ; le fer de sa lance se sépara du bois, et tomba à terre ; Gontran voyant la mort suspendue sur sa tête, invoqua le nom de Dieu, les grands mérites de saint Martin, et ayant élevé sa lance, en frappa Dracolène dans la mâchoire. Celui-ci demeurait suspendu à moitié tombé de son cheval, lorsqu’un des amis de Gontran l’acheva d’un coup de lance dans le côté. Ceux qui l’accompagnaient furent mis en fuite, et après l’avoir dépouillé, Gontran poursuivit librement sa route avec ses filles. Ensuite son beau-père Sévère fut gravement accusé près du roi par ses fils. Apprenant la chose, il se mit en route pour aller trouver le roi avec de grands présents, mais il fut pris en chemin et dépouillé de tout ; puis envoyé en exil, il y périt d’une mort malheureuse. Ses deux fils Bursolène et Dodon furent condamnés à mort pour crime de lèze-majesté. L’un fut tué par une troupe armée qu’on avait envoyée contre lui ; l’autre fut pris dans sa fuite, et mourut les pieds et les mains coupés. Leurs biens et ceux de leur père furent confisqués, car ils avaient de grands trésors.