Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/289

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Cependant les évêques jugeaient qu’ils pourraient les expier par la pénitence ; mais on les accusa de crime de lèse-majesté, et de trahison envers la patrie, ce pourquoi ils furent dépouillés de l’épiscopat, et retenus prisonniers dans la basilique de Saint Marcel lxviii. Ils s’en échappèrent par la suite, et allèrent errer en divers lieux. D’autres furent nommés à leurs sièges lxix.

Le roi Chilpéric fit faire dans tout son royaume des rôles d’impositions nouvelles et très pesantes, ce qui fut cause que beaucoup quittèrent leurs cités, abandonnèrent leurs propriétés, et se réfugièrent dans d’autres royaumes, aimant mieux se transporter ailleurs, que de demeurer exposés à un pareil danger ; car il avait été ordonné que chaque propriétaire de terre paierait une amphore lxx de vin par demi arpent lxxi : on avait imposé, tant sur les autres terres que sur les esclaves, beaucoup d’autres contributions ou prestations qu’il était impossible de supporter. Le peuple du Limousin, se voyant accablé sous de telles charges, se rassembla dans les premiers jours de mars, et voulut tuer Marc, le référendaire chargé de lever ces impositions ; et ils n’y auraient pas manqué, si l’évêque Ferréole [Évêque de Limoges, 575-595] ne l’eût délivré du péril qui le menaçait : la multitude s’empara des rôles et les livra aux flammes. Le roi, extrêmement irrité, envoya des gens de sa maison chargés d’infliger au peuple de grands châtiments. On effraya par des tourments, on punit des gens à mort. On rapporte même que des abbés et des prêtres furent attachés à des poteaux, et livrés à divers tourments sur les calomnies des envoyés du roi, qui les accusaient de s’être mêlés à la sédition où le peuple avait brûlé les registres. On