Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/291

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qui a mis son espérance en Dieu. Justinien étant venu quelques jours après, se jeta aux pieds de l’empereur, lui apportant quinze cents pièces d’or, comme prix de son pardon. Celui-ci, avec ses habitudes ordinaires de bonté, le reçut, et le fit demeurer dans son palais ; mais l’impératrice Sophie, oubliant les promesses qu’elle avait faites à Tibère, essaya de lui tendre des piéges ; et comme il s’était rendu à sa maison des champs, pour y jouir pendant trente jours, selon l’usage des empereurs, des plaisirs de la vendange, Sophie, ayant fait appeler en secret Justinien, voulut l’élever à l’empire. Tibère, l’ayant appris, revint en toute hâte à Constantinople, et ayant fait prendre l’impératrice, la dépouilla de tous ses trésors, ne lui laissant que ses aliments quotidiens : il lui ôta tous ses serviteurs, lui en donna d’autres dont il était sûr, et défendit qu’aucun des anciens put avoir accès auprès d’elle. Après avoir réprimandé Justinien, il lui accorda cependant ensuite une telle affection qu’il lui promit sa fille pour son fils, et demanda en retour pour son fils la fille de Justinien ; mais la chose n’eut pas lieu. Tibère vainquit l’armée des Perses, et revint victorieux avec une masse de butin capable, à ce qu’il paraissait, d’assouvir les désirs de l’homme ; vingt éléphants furent pris et amenés à l’empereur lxxv.

Les Bretons infestèrent cruellement les environs de Nantes et de Rennes ; ils enlevèrent une immense quantité de butin, ravagèrent les champs, dépouillèrent les vignes de leurs fruits et emmenèrent beaucoup de captifs. L’évêque Félix leur ayant fait parler par des envoyés, ils promirent de s’amender, mais