Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/297

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nien, martyrs. Il y eut un grand gémissement dans tout le peuple : les hommes suivirent ses obsèques en deuil, et les femmes couvertes de vêtements lugubres, comme elles ont coutume de les porter aux funérailles de leurs maris. Après cela, le roi Chilpéric fit de grandes largesses aux églises et aux pauvres.

En ces jours-là, Austréchilde, femme du roi Gontran, succomba sous la maladie ; mais, avant d’exhaler son âme méchante, voyant qu’elle ne pouvait échapper, elle poussa un profond soupir, et voulant avoir des compagnons de sa mort, fit en sorte qu’à ses obsèques on pleurât encore pour d’autres funérailles ; car on raconte que, semblable à Hérode lxxxiii, elle fit cette prière au roi : « J’avais, lui dit-elle, l’espérance de vivre encore si je n’avais pas péri de la main de mes indignes médecins ; car les médicaments que j’ai reçus d’eux m’ont enlevé la vie par force, et me font perdre la lumière plus tôt que je n’aurais dû : ainsi donc, afin que ma mort ne demeure pas sans vengeance, lorsque j’aurai été enlevée au jour, je vous demande et veut que vous me promettiez avec serment de les faire périr par le glaive ; et si je ne puis vivre plus longtemps, que du moins, après ma mort, ils ne demeurent pas pour s’en glorifier, mais que leurs amis ressentent une douleur pareille à celle des nôtres. » Après ces paroles, elle rendit son âme malheureuse. Lorsque ses obsèques eurent été célébrées selon la coutume, le roi, sous le joug du serment qu’avait exigé de lui sa cruelle épouse, accomplit cet ordre d’iniquité, et ordonna que les deux médecins lxxxiv qui lui avaient donné des soins fussent mis à mort par le glaive ; ce que