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qu’elle avait menti. Mais, ses paroles n’ayant servi de rien, elle fut liée au poteau et brûlée toute vive. Le trésorier de Clovis, tiré de Bourges par Cuppan xciv, comte des écuries, fut envoyé à la reine garrotté pour être livré à divers tourments. Mais la reine ordonna qu’il fut délivré de ses liens et exempté du supplice, et, à notre intercession, elle lui rendit la liberté.

Ensuite Élaph, évêque de Châlons [sur Marne], envoyé ambassadeur en Espagne pour les affaires de la reine Brunehault, fut pris d’une forte fièvre, et rendit l’esprit. On rapporta son corps, qui fut enseveli dans son diocèse. L’évêque Éon, envoyé des Bretons, comme nous l’avons déjà dit, n’eut pas la permission de retourner à sa ville épiscopale [Vannes], et fut envoyé par le roi à Angers, pour y être nourri aux dépens du public. Étant venu à Paris, comme il y célébrait la sainte solennité du jour du Seigneur, il tomba à terre en poussant une sorte de hennissement ; le sang lui sortit par la bouche et les narines, et il fut emporté sur les bras. Cependant il guérit. Il était très adonné au vin, et s’enivrait quelquefois d’une manière si hideuse qu’il ne pouvait plus se soutenir sur ses jambes.

Mirus, roi de Galice[1] xcv, envoya des messagers au roi Gontran. Comme ils passaient par le territoire de Poitiers, que tenait alors le roi Chilpéric, il eut avis de leur passage, et ordonna qu’on les prît, qu’on les lui amenât et qu’ils fussent gardés à Paris.

En ce temps-là, un loup sortant de la forêt vint dans la ville de Poitiers où il entra par une des portes ; mais les portes

  1. Mir ou Théodemir II, roi des Suèves établis en Galice, qui régna de 570 à 583, et ramena à la foi catholique la plus grande partie de soit peuple jusque là arien.