Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais, quoiqu’il parût se plaire au travail de la pâte fermentée, il prit la fuite et quitta le service. Ramené deux ou trois fois, comme on ne pouvait l’empêcher de s’enfuir, on le condamna à avoir une oreille coupée : alors, comme il n’était aucun crédit capable de cacher le signe d’infamie dont il avait été marqué en son corps, il s’enfuit chez la reine Mircovèfe [Marcoviève, fille de serf], que le roi Charibert, épris d’un grand amour pour elle, avait appelée à son lit à la place de sa sœur. Elle le reçut volontiers, et l’éleva aux fonctions de gardien de ses meilleurs chevaux. Tourmenté de vanité et livré à l’orgueil, il brigua la place de comte des écuries civ, et l’ayant obtenue, il méprisa et dédaigna tout le monde, s’enfla de vanité, se livra à la dissolution, s’abandonna à la cupidité, et, favori de sa maîtresse, il s’entremit de côté et d’autre dans ses affaires. Après sa mort, engraissé de butin, il obtint par ses présents, du roi Charibert, d’occuper auprès de lui les mêmes fonctions ; ensuite, en punition des péchés accumulés du peuple, il fut nommé comte de Tours. Là, il s’enorgueillit de sa dignité avec une fierté encore plus insolente, se montra âpre au pillage, hautain dans les disputes, souillé d’adultère, et par son activité à semer la discorde et à porter des accusations calomnieuses, il amassa des trésors considérables.

Après la mort de Charibert, cette ville étant tombée dans la part de Sigebert, Leudaste passa à Chilpéric et tout ce qu’il avait amassé injustement lui fut enlevé par les fidèles de Sigebert. Le roi Chilpéric ayant envahi la ville de Tours par les mains de son fils Théodebert, lorsque j’arrivai à Tours, Théodebert me recommanda fortement que les fonctions de comte fussent remises