Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/323

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l’évêque de Dieu ? Pourquoi le roi poursuit-il une telle affaire ? Un évêque aurait-il jamais pu dire de telles choses, même d’un esclave ? Hélas, hélas ! Seigneur Dieu, prête secours à ton serviteur. Le roi disait : Cependant l’accusation portée contre ma femme est pour moi un opprobre. Si vous jugez à propos qu’on produise des témoins contre l’évêque, les voilà ici ; mais s’il vous paraît que cela ne doive pas se faire et qu’il faille s’en remettre à la foi de l’évêque, dites, et je me conformerai volontiers à ce que vous ordonnerez. » Tous admirèrent la patience et la prudence du roi, et se réunirent à dire : Un inférieur ne peut être cru sur le compte d’un évêque. L’affaire se borna à cela qu’ayant dit des messes sur trois autels, je me purgeai par serment des paroles qu’on m’imputait, et quoique ces choses fussent contraires aux canons cix, elles se firent cependant en considération du roi. Mais je ne dois pas passer ici sous silence que la reine Rigonthe cx, partageant mes douleurs, jeûna avec toute sa maison, jusqu’à ce que je lui eusse fait annoncer par un serviteur que j’avais accompli tout ce qui m’avait été imposé. Ainsi donc les évêques étant retournés vers le roi, lui dirent : « Ô roi, toutes les choses ordonnées à l’évêque sont accomplies. Que reste-t-il à faire si ce n’est de te priver de la communion, ainsi que Bertrand accusateur d’un de ses frères ? » Et lui répondit : Je n’ai rapporté que ce que j’avais entendu dire. Eux lui ayant demandé qui lui avait dit ces choses, il répondit qu’il les avait apprises de Leudaste. Mais celui-ci, par défaut de sagesse ou de courage, avait déjà pris la fuite. Alors tous les évêques le condamnèrent comme semeur de