Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/336

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jus dans lequel il l’avait fait cuire et la mangeait ensuite. Dieu daigna opérer par lui de grands miracles. Car en ce temps l’Esprit saint lui ayant révélé l’arrivée des Lombards [Langobards] dans les Gaules [vers 576], il la prédit en ces termes : « Les Lombards viendront dans les Gaules et dévasteront sept cités, parce que leurs méchancetés se sont accumulées devant les yeux du Seigneur, que personne n’entend, personne ne recherche Dieu, personne ne fait de bonnes œuvres pour apaiser la colère de Dieu. Car tout ce peuple est infidèle, adonné au parjure, livré au vol, prompt à l’homicide, et ne produisant aucun des fruits de justice. On ne paye pas les dîmes xvi, on ne nourrit pas les pauvres, on ne couvre point ceux qui sont nus, on ne donne pas l’hospitalité aux voyageurs, on ne fournit point à leur faim des aliments suffisants ; de là est survenue cette plaie. Je vous le dis donc, rassemblez tout ce que vous possédez dans l’enceinte des murs, afin que les Lombards ne vous l’enlèvent pas, et songez à vous défendre vous-même dans des lieux très forts. » Lorsqu’il eut dit ces paroles, tous demeurèrent stupéfaits, et, lui disant adieu, s’en retournèrent chez eux avec une grande admiration. Il dit aussi aux moines : « Partez de ce lieu et emportez avec vous tout ce que vous avez, car voilà que s’approchent les peuples que je vous ai prédits. » Et comme ils lui disaient : « Très saint père, nous ne t’abandonnerons pas, » il leur répondit : « Ne craignez rien pour moi, car il arrivera qu’ils me feront souffrir des injures, mais ne me maltraiteront pas jusqu’à la mort. » Les moines s’étant éloignés, les Lombards arrivèrent, et, dévastant tout ce qu’ils trouvaient,