Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/340

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avec de grands cris, était possédée de trois démons. L’ayant bénie par un saint attouchement, et lui ayant fait sur le front le signe de la croix avec de l’huile sainte, il la renvoya délivrée de ses démons ; il guérit aussi par sa bénédiction une jeune fille tourmentée de l’esprit immonde. Le jour de sa mort approchant, il appela à lui le supérieur [prévôt] du monastère xx, disant : « Apporte des ferrements pour ouvrir la muraille, et envoie des messagers à l’évêque de la cité pour qu’il vienne m’ensevelir, car dans trois jours je quitterai ce monde, et j’irai au repos qui m’attend et qui m’a été promis de Dieu. » Lorsqu’il eut dit ces paroles, le supérieur du monastère envoya à l’évêque de Nice des gens pour l’en instruire. Après cela, un certain Crescens vint à la fenêtre ; et le voyant lié de chaînes et rempli de vers, lui dit : « Ô mon seigneur ! comment peux-tu supporter avec tant de courage un si rigoureux tourment ? » Il lui répondit : Celui pour la gloire de qui je souffre ces choses me donne de la force. Mais je te le dis, mes liens se relâchent, et je vais au lieu du repos. » Le troisième jour venu, il détacha ses chaînes, se prosterna en oraison ; et après avoir prié longtemps avec larmes, se plaça sur un banc, étendit les jambes ; et levant les mains vers le ciel, rendit grâces à Dieu et lui remit son esprit ; et aussitôt disparurent tous les vers qui déchiraient ses saints membres. L’évêque Austadius étant arrivé fit ensevelir avec beaucoup de soin ce bienheureux corps xxi. J’ai appris toutes ces choses de la bouche du sourd-muet qu’il avait guéri, ainsi que je l’ai rapporté, et qui me raconta de lui beaucoup d’autres miracles. Il me défendit d’en parler ; mais j’ai appris