Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/356

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Dieu[1] ? Où donc Paul, rappelant les dons mystiques du Seigneur, a-t-il dit : C’est un seul et même esprit qui, après toutes ces choses, distribue à chacun ses dons selon qu’il lui plaît[2]. On sait bien que celui qui agit selon sa volonté n’est assujetti à personne. » Ansovald, s’étant rendu vers le roi Chilpéric, y fut suivi d’une ambassade espagnole li qui passa de Chilpéric à Childebert, et puis retourna en Espagne.

Le roi Chilpéric avait mis des gardes au pont sur l’Orge, dans le territoire de la cité de Paris, afin d’empêcher que du royaume de son frère [Gontran], on ne vînt par surprise causer du dommage à ses sujets lii. Le duc Asclépius en ayant été instruit vint de nuit les attaquer, les tua tous, et ravagea cruellement les environs du pont. Lorsque le roi Chilpéric eut appris cette nouvelle, il envoya des messagers à ses comtes, à ses ducs et à ses autres agents, pour qu’ils rassemblassent une armée, et fissent irruption dans le royaume de son frère. Mais les gens de bien lui conseillèrent de n’en rien faire, lui disant : « Ils ont agi méchamment, mais tu dois agir sagement. Envois des messagers à ton frère, et s’il veut réparer l’injure qu’il t’a faite, tu ne chercheras point à lui causer de mal. S’il ne le veut pas, tu verras alors ce que tu auras à faire. » Il se rendit à leurs raisons, et défendant à son armée de marcher, fit partir des envoyés pour aller trouver son frère ; et celui-ci, réparant ce qui s’était fait, chercha à regagner entièrement l’amitié de son frère.

Cette année mourut Chrodin, homme très-éminent

  1. Act. des ap. chap. 5, v. 9, 4.
  2. Ire Épît. de S. Paul aux Corinth. chap. 12, v. 11