Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/362

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C’est ton duc Mummole qui l’a reçu et l’a retenu dans Avignon. Permets que je t’amène Mummole, et alors je serai disculpé des choses dont on m’accuse. » Le roi lui dit : « Je ne te permettrai pas de t’en aller sans que tu aies subi la peine que tu mérites pour le crime que tu as commis. » Lui, se voyant prés de la mort, dit : « Voilà mon fils, prends-le, et qu’il te serve d’otage pour ce que je promets au roi mon Seigneur, et si je ne t’amène pas Mummole, que je perde mon enfant. » Alors le roi lui permit de s’en aller et retint son petit enfant. Gontran prit avec lui des gens d’Auvergne et du Velay, et s’en alla à Avignon ; mais Mummole avait artificieusement fait préparer sur le Rhône de mauvaises barques. Ils y montèrent sans se douter de rien, et lorsqu’ils arrivèrent au milieu du fleuve, les barques chargées s’engloutirent. Dans ce péril les uns s’échappèrent en nageant, plusieurs s’étant saisis des planches mêmes des barques furent ainsi portés sur le rivage, d’autres moins avisés périrent dans le fleuve. Le duc Gontran arriva cependant à Avignon. Mummole, depuis qu’il était entré dans cette ville, avait ee soin de détourner une partie des eaux du Rhône pour la défense de cette petite portion de la ville qui n’était pas enfermée par le fleuve ; il avait fait creuser en ce lieu des fossés d’une grande profondeur, et pour tendre un piége à l’ennemi avait fait recouvrir cette eau. Gontran étant arrivé, Mummole dit de dessus le mur : « S’il agit de bonne foi, qu’il vienne d’un côté du rivage et moi de l’autre, et me dise de là ce qu’il a à me dire. » Mais lorsqu’ils furent arrives chacun de son côté, le bras du fleuve se trouvant