Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/368

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vous. » Et le roi dit : « Mon frère s’est rendu coupable en beaucoup de choses, car si mon fils Childebert veut examiner les choses selon la raison, il reconnaîtra bientôt que son père a été tué avec la connivence de Gontran. » Lorsqu’il eut ainsi parlé, l’évêque Ægidius lui répondit : « Si tu t’allies avec ton neveu, et que ton neveu s’allie avec toi, vous ferez marcher une armée, et aurez bientôt pris de lui la vengeance qui vous est due. » S’étant donc liés par des serments, ils se donnèrent mutuellement des otages, et se séparèrent. Chilpéric se fiant donc en leurs promesses fit marcher son armée et vint à Paris, où son séjour causa une grande dépense aux habitants. Le duc Bérulphe avec les gens de Tours, de Poitiers et de Nantes, marcha sur les confins du territoire de Bourges. Didier et Bladaste [Bladastès], à la tête de toutes les troupes des provinces qui leur étaient confiées, l’environnèrent d’un autre côté, et dévastèrent cruellement les pays qu’ils eurent à parcourir. Chilpéric ordonna à l’armée qui venait le joindre, de traverser Paris. Il le traversa lui-même à la tête de cette armée, et marcha vers le château de Melun, livrant tout aux flammes et à la dévastation. L’armée de son neveu n’arrivait point, quoique les chefs et les envoyés de Childebert fussent auprès de Chilpéric ; il envoya des messagers aux ducs Bérulphe, Didier et Bladaste, et leur dit : « Entrez dans le territoire de Bourges, et quand vous serez parvenus jusque dans la ville, exigez le serment de fidélité. » Les habitants de Bourges se précipitèrent, au nombre de quinze mille, du côté du château Mélian lxiv [Mellian], et là combattirent contre le duc Didier. Il se fit un grand carnage, et il