Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/373

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être livré aux tourmens d’un supplice journalier ; mais, comme on le conduisait à une des métairies du fisc, la pourriture se mit dans ses plaies, et il fut bientôt à l’extrémité. Alors, par l’ordre de la reine, on le coucha par terre sur le dos, et lui ayant mis sous la nuque du cou une énorme barre de fer, on le frappa sur la gorge, et il finit ainsi, par une juste mort, une vie tissue de perfidies.

La neuvième année du roi Childebert, le roi Gontran rendit à son neveu une partie de Marseille[1] lxvii. Les envoyés de Chilpéric, revenus d’Espagne, annoncèrent que le royaume de la Manche lxviii [Carpitanie] était cruellement dévasté par les sauterelles, de telle sorte qu’il n’y avait ni arbres, ni vignes, ni forêts, ni fruits, ni aucune verdure, qu’elles n’eussent entièrement détruits ; ils dirent que l’inimitié qui s’était élevée entre Leuvigild et son fils augmentait tous les jours de violence. Une grande contagion régnait aussi dans ces cantons, et dévastait beaucoup de pays ; mais elle faisait rage surtout dans la ville de Narbonne lxix. Il y avait déjà trois ans qu’elle avait pris dans cette ville, puis elle s’apaisait, et alors le peuple qui avait fui, revenant dans la ville, périssait par la maladie. La ville d’Alby était aussi rudement travaillée du même mal. En ces jours-là, vers le milieu de la nuit, il parut du côté du nord un grand nombre de rayons brillants, d’une grande clarté, qui, se rapprochant et se séparant ensuite, finirent par s’évanouir. On vit aussi dans la partie septentrionale du ciel reluire une telle clarté qu’on la prit pour celle de l’aurore.

Il vint de nouveau des envoyés d’Espagne qui ap-

  1. En 584.