Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/379

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était un grand nombre des lits de ses clercs. Ses ennemis s’étant méfiés du clerc qui devait l’assassiner, pensèrent à exécuter par eux-mêmes leur perfidie, et tramèrent un autre artifice, soit pour le faire périr violemment, soit pour le charger d’un crime qui le fit exclure du sacerdoce. Tandis que tout le monde reposait vers le milieu de la nuit, ils se précipitèrent dans la chambre à coucher de l’évêque, poussant de grandes exclamations, et disant qu’ils en avaient vu sortir une femme, et qu’ils l’avaient laissée aller pour courir à l’évêque. C’était certainement par le conseil et l’instigation du diable qu’ils imputaient un tel crime à leur évêque, alors âgé de prés de soixante-dix ans. Sans perdre de temps, et de concert avec le clerc dont j’ai parlé, ils lièrent l’évêque qui vit ses mains chargées de chaînes par celui dont le cou avait été plusieurs fois délivré par lui de ses liens, et il fut condamné à une prison sévère par l’homme qu’il avait souvent tiré de la fange des cachots. Voyant que ses ennemis procédaient contre lui avec cette violence, il implora avec larmes, dans ses chaînes, la miséricorde du Seigneur ; aussitôt ses gardes se sentirent accablés de sommeil, la volonté du Seigneur détacha ses liens et celui qui avait si souvent délivré les méchants, fut délivré sans avoir rien souffert de leur méchanceté ; puis, s’échappant, il passa dans le royaume du roi Gontran. Une fois qu’il fut parti, ceux qui avaient comploté contre lui s’adressèrent plus librement au roi Chilpéric pour lui demander l’épiscopat ; et, accusant l’évêque de beaucoup de crimes, ils ajoutaient : Sache, ô roi très glorieux ! que nos paroles sont