Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/442

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui répondit : « Je m’aperçois qu’on n’observe en rien la foi promise, car je me vois placé sur le bord de ma perte. » Leudégésile lui dit : « Je vais aller dehors, et j’apaiserai tout. » Étant sorti, il ordonna d’entourer aussitôt la tente pour y tuer Mummole. Celui-ci, après avoir longtemps résisté aux combattants, vint à la porte. Comme il sortait, deux soldats le percèrent avec leur lance de chaque côté ; aussitôt il tomba et mourut. À cette vue, l’évêque fut frappé de crainte et de consternation. Quelqu’un des assistants lui dit : « Vois de tes propres yeux ce qui se passe, évêque ; couvre-toi la tête pour ne pas être reconnu, et gagne la forêt pour t’y cacher quelque temps, et t’échapper lorsque la fureur sera apaisée. » L’évêque ayant accepté ce conseil, essayait de s’enfuir la tête couverte, lorsque quelqu’un, ayant tiré son épée, lui trancha la tête avec son capuchon. Ensuite, s’en retournant, chacun dans son pays, ils se livrèrent dans le chemin au pillage et au meurtre.

Dans ce temps Frédégonde envoya Cuppan [Cuppa] à Toulouse, pour en arracher sa fille Rigonthe à tout prix. La plupart rapportent que Cuppan avait été envoyé afin que, s’il trouvait Gondovald vivant, il l’attirât par beaucoup de promesses, et l’amenât à Frédégonde. Mais n’ayant pu accomplir ce dessein, il ramena de Toulouse la reine Rigonthe qui avait essuyé bien des humiliations et des outragesxxxix.

Le duc Leudégésile se rendit auprès du roi, avec tous les trésors dont nous avons parlé ; le roi les distribua ensuite aux pauvres et aux églises. Ayant pris la femme de Mummole [Sidonia (Frédégaire)], le roi commença à lui de-