Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/446

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Les pauvres se mettaient en servitude, afin d’avoir quelques alimens.

Dans ce temps, le marchand Christophore [Christophe] alla à Orléans, parce qu’il avait appris qu’on y avait porté beaucoup de vin : il y alla donc, acheta le vin, et le fit transporter dans des bateaux. Ayant reçu de son beau-père beaucoup d’argent, il fit la route à cheval avec deux domestiques saxons. Les serviteurs haïssaient leur maître depuis longtemps, et s’étaient souvent enfuis de chez lui, parce qu’il les battait inhumainement. Comme ils traversaient une forêt, leur maître marchant devant, un des serviteurs lui jeta sa lance, et le transperça. Christophore étant tombé, l’autre lui coupa la tête avec sa framée, et l’ayant ainsi tous deux déchiré en morceaux, ils le laissèrent sans vie : après s’être emparés de son argent, ils se sauvèrent. Le frère de Christophore, ayant fait ensevelir son corps, envoya ses gens à la poursuite des deux serviteurs ; ayant atteint le plus jeune, tandis que le plus âgé s’enfuyait avec l’argent, ils le lièrent. En revenant, comme ils laissaient aller le prisonnier plus librement, il se saisit de la lance, et en frappa un de ceux qui l’emmenaient ; mais les autres l’ayant conduit jusqu’à Tours, on lui infligea divers supplices ; on lui trancha la tête, et on le pendit déjà mort.

Il s’éleva alors, parmi les habitants de Tours de cruelles guerres civiles. Pendant que Sichaire, fils de Jean, célébrait avec Austrégisile et d’autres habitans, dans le bourg de Mantelanxlv, la fête de Noël, un prêtre du lieu envoya son serviteur vers quelques hommes pour les prier de venir boire avec lui dans sa maison.