Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/100

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prétentions. Les écoles historiques que nous venons de caractériser se rencontrent partout.

Ce fait est important, Messieurs, non en lui-même, mais parce qu’il révèle d’autres faits qui tiennent dans notre histoire une grande place. Dans cette simultanéité des prétentions les plus opposées à la possession exclusive du pouvoir, dans le premier âge de l’Europe moderne, se révèlent deux faits considérables. Le premier, c’est le principe, l’idée de la légitimité politique ; idée qui a joué un grand rôle dans le cours de la civilisation européenne. Le second, c’est le caractère particulier, véritable, de l’état de l’Europe barbare, de cette époque dont nous avons spécialement à nous occuper aujourd’hui.

Je vais essayer de mettre ces deux faits en lumière, de les tirer successivement de cette lutte de prétentions primitives que je viens d’exposer.

Que prétendent, Messieurs, les divers éléments de la civilisation européenne, théocratique, monarchique, aristocratique, populaire, lorsqu’ils veulent avoir été les premiers à posséder la société en Europe ? Qu’est-ce autre chose que la prétention d’être seuls légitimes ? La légitimité politique est évidemment un droit fondé sur l’ancienneté, sur la durée ; la priorité dans le temps est invoquée comme la source du droit, comme la preuve de la légitimité du pouvoir. Et remarquez, je vous prie, que cette prétention n’est point particulière à un système, à un élément de notre civilisation, qu’elle se retrouve dans tous. On s’est accoutumé, dans les temps modernes, à ne considérer l’idée de la légitimité que dans un système, le système monarchique. On a tort ; elle se retrouve