Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/124

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que nous considérons. Je n’ai point à vous raconter les destinées de la féodalité. Ce qui nous occupe, c’est l’histoire de la civilisation ; c’est là le fait général, caché, que nous cherchons sous tous les faits extérieurs qui l’enveloppent.

Ainsi, les événements, les crises sociales, les divers états par lesquels a passé la société, ne nous intéressent que dans leurs rapports avec le développement de la civilisation ; nous avons à leur demander en quoi ils l’ont combattue ou servie, ce qu’ils lui ont donné, ce qu’ils lui ont refusé. C’est uniquement sous ce point de vue que nous considérons le régime féodal.

Nous avons, en commençant ce cours, déterminé ce que c’était que la civilisation ; nous avons tenté d’en connaître les éléments ; nous avons vu qu’elle consistait, d’une part, dans le développement de l’homme lui-même, de l’individu, de l’humanité ; de l’autre, dans celui de sa condition visible, de la société. Toutes les fois que nous nous trouvons en présence d’un événement, d’un système, d’un état général du monde, nous avons donc cette double question à lui adresser : qu’a-t-il fait pour ou contre le développement de l’homme, pour ou contre le développement de la société ?

Vous comprenez d’avance, Messieurs, que dans cette recherche, il est impossible que nous ne rencontrions pas sur notre chemin les plus grandes questions de la philosophie morale. Quand nous voudrons savoir en quoi un événement, un système, a contribué au développement de l’homme et de la société, il faudra bien que nous sachions quel est