Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/143

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les plus faibles. Il n’y en avait aucun, à commencer par le premier des suzerains, par le roi, qui fût en état d’imposer la loi à tous les autres, en état de se faire obéir. Remarquez que tous les moyens permanents de pouvoir et d’action manquaient ; point de troupes permanentes, point d’impôts permanents, point de tribunaux permanents. Les forces, les institutions sociales étaient, en quelque sorte, obligées de recommencer, de se recréer chaque fois qu’on en avait besoin. Il fallait créer des tribunaux pour chaque procès, créer une armée quand on avait une guerre à faire, se créer un revenu au moment où on avait besoin d’argent ; tout était occasionnel, accidentel, spécial ; il n’y avait aucun moyen de gouvernement central, permanent, indépendant. Il est clair que, dans un tel système, aucun individu n’était en mesure d’imposer aux autres sa volonté, de faire respecter de tous le droit général.

D’un autre côté, la résistance était aussi facile que la répression était difficile. Enfermé dans son habitation, ayant affaire à un petit nombre d’ennemis, trouvant facilement, chez les vassaux de même situation que lui, des moyens de coalition, des secours, le possesseur de fief se défendait très aisément.

Voilà donc le premier système des garanties politiques, le système qui les place dans l’intervention du plus fort, le voilà démontré impossible sous le régime féodal.

L’autre système, celui du gouvernement libre, d’un pouvoir public, d’une force publique, était également impraticable ; il n’a jamais pu naître au sein de la féodalité. La cause en est simple. Quand nous