Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/166

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d’hérédité est inhérente à l’idée de caste. Parcourez le monde ; prenez tous les pays dans lesquels le régime des castes s’est produit, dans l’Inde, en Égypte ; vous verrez partout la caste essentiellement héréditaire ; c’est la transmission de la même situation, du même pouvoir de père en fils. Là où il n’y a pas d’hérédité, il n’y a pas de caste, il y a corporation ; l’esprit de corps a ses inconvénients, mais est très différent de l’esprit de caste. On ne peut appliquer le mot de caste à l’Église chrétienne. Le célibat des prêtres a empêché que le clergé chrétien ne devînt une caste.

Vous entrevoyez déjà les conséquences de cette différence. Au système de caste, au fait de l’hérédité, est attaché inévitablement le privilège ; cela découle de la définition même de la caste. Quand les mêmes fonctions, les mêmes pouvoirs deviennent héréditaires dans le sein des mêmes familles, il est clair que le privilège s’y attache, que personne ne peut les acquérir indépendamment de son origine. C’est en effet ce qui est arrivé : là où le gouvernement religieux est tombé aux mains d’une caste, il est devenu matière de privilège ; personne n’y est entré que ceux qui appartenaient aux familles de la caste. Rien de semblable ne s’est rencontré dans l’Église chrétienne, et non-seulement rien de semblable ne s’y est rencontré, mais l’Église a constamment maintenu le principe de l’égale admissibilité de tous les hommes, quelle que fût leur origine, à toutes ses charges, à toutes ses dignités. La carrière ecclésiastique, particulièrement du cinquième au douzième siècle, était ouverte à tous. L’Église se recrutait dans tous les