Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/226

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venaient exercer quelque extorsion, c’est une entreprise contre le château ; toujours les caractères de la guerre. Si l’insurrection échoue, que fait à l’instant le vainqueur ? Il ordonne la destruction des fortifications élevées par les bourgeois, non-seulement autour de leur ville, mais autour de chaque maison. On voit qu’au moment de la confédération, après s’être promis d’agir en commun, après avoir juré ensemble la commune, le premier acte de chaque bourgeois était de se mettre chez lui en état de résistance. Des communes dont le nom est aujourd’hui tout-à-fait obscur, par exemple la petite commune de Vézelai dans le Nivernais, soutiennent contre leur seigneur une lutte très-longue et très-énergique. La victoire échoit à l’abbé de Vézelai ; sur-le-champ il enjoint la démolition des fortifications des maisons des bourgeois ; on a conservé les noms de plusieurs de ceux dont les maisons fortifiées furent ainsi immédiatement détruites.

Entrons dans l’intérieur même de ces habitations de nos aïeux ; étudions le mode de construction et le genre de vie qu’il révèle ; tout est voué à la guerre, tout a le caractère de la guerre.

Voici quelle était la construction d’une maison de bourgeois au douzième siècle, autant qu’on peut aujourd’hui s’en rendre compte : trois étages d’ordinaire, une seule pièce à chaque étage ; la pièce du rez-de-chaussée servait de salle basse, la famille y mangeait ; le premier étage était très élevé, comme moyen de sûreté ; c’est la circonstance la plus remarquable de la construction. À cet étage, une pièce dans laquelle le bourgeois, le maître de la maison