Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/247

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de la vérité qui brille dans la peinture des mœurs, dans le récit détaillé des événements ; mais de cette vérité générale qui fait du livre entier une image fidèle, un miroir sincère de toute l’époque, dont il révèle en même temps le mouvement et la monotonie.

Considérée au contraire dans son rapport avec ce qui l’a suivie, comme la transition de l’Europe primitive à l’Europe moderne, cette époque s’éclaire et s’anime ; on y découvre un ensemble, une direction, un progrès ; son unité et son intérêt résident dans le travail lent et caché qui s’y est accompli.

L’histoire de la civilisation européenne peut donc se résumer, Messieurs, en trois grandes périodes : 1º Une période que j’appellerai celle des origines, de la formation ; temps où les divers éléments de notre société se dégagent du chaos, prennent l’être et se montrent sous leurs formes natives avec les principes qui les animent ; ce temps se prolonge presque jusqu’au douzième siècle. 2º La seconde période est un temps d’essai, de tentative, de tâtonnement ; les éléments divers de l’ordre social se rapprochent, se combinent, se tâtent, pour ainsi dire, sans pouvoir rien enfanter de général, de régulier, de durable ; cet état ne finit, à vrai dire, qu’au seizième siècle. 3º Enfin la période du développement proprement dit, où la société humaine prend en Europe une forme définitive, suit une direction déterminée, marche rapidement et d’ensemble vers un but clair et précis ; c’est celle qui a commencé au seizième siècle et poursuit maintenant son cours.

Tel m’apparaît, Messieurs, dans son ensemble,