Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/258

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Il y vit aussi des Russes, des Hongrois et des Flamands. Un chantre, nommé Robert, après avoir parcouru l’Asie orientale, revint mourir dans la cathédrale de Chartres. Un Tartare était fournisseur de casques dans les armées de Philippe-le-Bel. Jean de Plancarpin trouva près de Gayouk un gentilhomme russe qu’il nomme Temer, qui servait d’interprète ; plusieurs marchands de Breslaw, de Pologne, d’Autriche, l’accompagnèrent dans son voyage en Tartarie. D’autres revinrent avec lui par la Russie ; c’étaient des Génois, des Pisans, des Vénitiens. Deux marchands de Venise que le hasard avait conduits à Bokhara se laissèrent aller à suivre un ambassadeur mongol qu’Houlagou envoyait à Khoubilaï. Ils séjournèrent plusieurs années tant en Chine qu’en Tartarie, revinrent avec des lettres du grand khan pour le pape, retournèrent auprès du grand khan, emmenant avec eux le fils de l’un d’eux, le célèbre Marc-Pol, et quittèrent encore une fois la cour de Khoubilaï pour s’en revenir à Venise. Des voyages de ce genre ne furent pas moins fréquents dans le siècle suivant. De ce nombre sont ceux de Jean de Mandeville, médecin anglais ; d’Oderic de Frioul, de Pegoletti, de Guillaume de Bouldeselle et de plusieurs autres. On peut bien croire que ceux dont la mémoire s’est conservée ne sont que la moindre partie de ceux qui furent entrepris, et qu’il y eut dans ce temps plus de gens en état d’exécuter des courses lointaines que d’en écrire la relation. Beaucoup de ces aventuriers durent se fixer et mourir dans les contrées qu’ils étaient allés visiter. D’autres revinrent dans leur patrie,