Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/273

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une règle de cette action, une volonté légitime à suivre, à appliquer. Soit que vous pénétriez dans les moindres détails de la vie sociale, soit que vous vous éleviez à ses plus grands événements, partout vous rencontrerez une vérité à découvrir, une loi rationnelle à faire passer dans les réalités. C’est là ce souverain de droit, vers lequel les philosophes et les peuples n’ont pas cessé et ne peuvent cesser d’aspirer.

Jusqu’à quel point le souverain de droit peut-il être représenté d’une façon générale et permanente par une force terrestre, par une volonté humaine ? Qu’y a-t-il de nécessairement faux et dangereux dans une telle supposition ? Que faut-il penser en particulier de la personnification de la souveraineté de droit sous l’image de la royauté ? À quelles conditions, dans quelles limites cette personnification est-elle admissible ? Grandes questions que je n’ai point à traiter ici, mais que je ne puis me dispenser d’indiquer, et sur lesquelles je dirai un mot en passant.

J’affirme, et le plus simple bon sens le reconnaît, que la souveraineté de droit, complète et permanente, ne peut appartenir à personne ; que toute attribution de la souveraineté de droit, à une force humaine quelconque, est radicalement fausse et dangereuse. De là vient la nécessité de la limitation de tous les pouvoirs, quels que soient leurs noms et leurs formes ; de là l’illégitimité radicale de tout pouvoir absolu quelle que soit son origine, conquête, hérédité ou élection. On peut différer sur les meilleurs moyens de chercher le souverain de droit ; ils varient selon les lieux et les temps ; mais en aucun lieu, en aucun temps, aucun pouvoir ne saurait légitimement