Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/308

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qui altéra cependant la nature de la révolution qu’il soutint, et lui imprima un caractère plus aristocratique et plus immobile qu’elle ne semblait devoir le porter.

Je passe au nord de la France, aux communes de la Flandre, des rives du Rhin et de la Ligue hanséatique. Là l’organisation démocratique triompha pleinement dans l’intérieur des villes ; cependant on voit dès son origine qu’elle n’est pas destinée à s’étendre, à prendre possession de la société tout entière. Les communes du nord sont entourées, pressées par la féodalité, par les seigneurs et les souverains, de telle sorte qu’elles sont constamment sur la défensive. Il est clair qu’elles ne travaillent pas à faire des conquêtes ; elles se défendent tant bien que mal. Elles conservent leurs privilèges, mais elles restent confinées dans leurs murs. Là l’organisation démocratique se renferme et s’arrête ; quand on se promène ailleurs, sur la face du pays, on ne la retrouve plus.

Vous voyez, Messieurs, quel était l’état de la tentative républicaine ; triomphante en Italie, mais avec peu de chances de durée et de progrès ; vaincue dans le midi de la Gaule ; victorieuse sur un petit théâtre, dans les montagnes de la Suisse ; au nord, dans les communes de la Flandre, du Rhin et de la Ligue hanséatique, condamnée à ne pas sortir de leurs murs. Cependant, dans cet état, évidemment inférieure en force aux autres éléments de la société, elle inspirait à la noblesse féodale une prodigieuse terreur. Les seigneurs étaient jaloux de la richesse des communes, ils avaient peur de leur pouvoir ; l’esprit démocratique pénétrait dans les campagnes ;