Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/310

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Angleterre, les États en Allemagne. Vous savez également quels étaient les éléments de ces diverses assemblées ; la noblesse féodale, le clergé et les communes s’y rapprochaient pour travailler à s’unir en une seule société, dans un même État, sous une même loi, un même pouvoir. C’est toujours, sous des noms divers, la même tendance, le même dessein.

Je prendrai pour type de cette tentative le fait qui nous intéresse le plus et nous est le mieux connu, les États-Généraux en France. Je dis que ce fait nous est mieux connu, Messieurs ; cependant le nom d’États-Généraux ne réveille, j’en suis sûr, dans votre esprit que des idées vagues, incomplètes. Aucun de vous ne saurait dire ce qu’il y avait de fixe, de régulier dans les États-Généraux de France, quel était le nombre de leurs membres, quels étaient les sujets de délibération, quelles étaient les époques de convocation et la durée des sessions : on n’en sait rien : il est impossible de tirer de l’histoire aucuns résultats clairs, généraux, permanents à ce sujet. Quand on se rend bien compte du caractère de ces assemblées dans l’histoire de France, elles apparaissent comme de purs accidents, un pis-aller politique, pour les peuples comme pour les rois ; pis-aller pour les rois quand ils n’ont pas d’argent, et ne savent plus comment se tirer d’embarras ; pis-aller pour les peuples quand le mal devient si grand qu’on ne sait plus quel remède y appliquer. La noblesse assiste aux États-Généraux ; le clergé y prend part également ; mais ils y viennent avec insouciance, ils savent bien que ce n’est pas là leur grand moyen d’action, que