Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/330

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et cette timidité leur a coûté d’autant plus cher, qu’à partir de l’époque où nous allons entrer, c’est-à-dire du seizième siècle, l’histoire de l’Europe est essentiellement diplomatique. Les relations extérieures sont, pendant près de trois siècles, le fait important de l’histoire. Au dedans les pays se régularisent, le gouvernement intérieur, sur le continent du moins, n’amène plus de violentes secousses, n’absorbe plus l’activité publique. Ce sont les relations extérieures, les guerres, les négociations, les alliances qui attirent l’attention et remplissent l’histoire ; en sorte que la plus large part de la destinée des peuples se trouve abandonnée à la prérogative royale, au pouvoir central.

Il était difficile qu’il en fût autrement. Il faut un très grand progrès de civilisation, un grand développement de l’intelligence et des habitudes politiques, pour que le public puisse intervenir avec quelque succès dans les affaires de ce genre. Du seizième au dix-huitième siècle, les peuples étaient fort loin d’en être capables. Voyez ce qui se passait sous Jacques Ier, en Angleterre, au commencement du dix-septième siècle. Son gendre l’électeur palatin, élu roi de Bohême, avait perdu sa couronne ; il avait même été dépouillé de ses États héréditaires, du palatinat. Le protestantisme tout entier était intéressé dans sa cause, et à ce titre l’Angleterre lui portait un vif intérêt. Il y eut un soulèvement de l’opinion publique pour forcer le roi Jacques à prendre le parti de son gendre, à lui faire rendre le palatinat. Le parlement demanda la guerre avec fureur, promettant tous les moyens de la soutenir. Jacques ne s’en souciait pas ;