Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/348

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des États, dans le pur travail intellectuel ; en un mot, c’est un temps de grands hommes et de grandes choses. Et au milieu de ce temps, la révolution religieuse qui nous occupe est le plus grand de tous les événements ; c’est le fait dominant de l’époque, c’est le fait qui lui donne son nom, qui en détermine le caractère. Parmi tant de causes si puissantes qui ont joué un si grand rôle, la Réforme est la plus puissante, celle à laquelle toutes les autres ont abouti, qui les a toutes modifiées ou en a été modifiée elle-même. En sorte que ce que nous avons à faire aujourd’hui, c’est de caractériser avec vérité, de résumer avec précision l’événement qui a dominé tous les autres, dans le temps des plus grands événements, la cause qui a fait plus que toutes les autres, dans le temps des plus grandes causes.

Vous comprenez sans peine à quel point il est difficile de ramener des faits si divers, si immenses et si étroitement unis, de les ramener, dis-je, à une véritable unité historique. Il le faut cependant ; quand les événements sont une fois consommés, quand ils sont devenus de l’histoire, ce qui importe, ce que l’homme cherche surtout, ce sont les faits généraux, l’enchaînement des causes et des effets. C’est là, pour ainsi dire, la portion immortelle de l’histoire, celle à laquelle toutes les générations ont besoin d’assister pour comprendre le passé, et pour se comprendre elles-mêmes. Ce besoin de généralité, de résultat rationnel, est le plus puissant et le plus glorieux de tous les besoins intellectuels ; mais il faut bien se garder de le satisfaire par des généralisations incomplètes et précipitées. Rien de plus tentant que de se laisser