Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/362

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des événements, le développement de la civilisation moderne, la liberté de l’esprit humain, toutes ces forces contre lesquelles les Jésuites étaient appelés à lutter, se sont dressées contre eux et les ont vaincus. Et non-seulement ils ont échoué, mais rappelez-vous quels moyens ils ont été contraints d’employer. Point d’éclat, point de grandeur ; ils n’ont pas fait de brillants événements, ils n’ont pas mis en mouvement de puissantes masses d’hommes ; ils ont agi par des voies souterraines, obscures, subalternes, par des voies qui n’étaient nullement propres à frapper l’imagination, à leur concilier cet intérêt public qui s’attache aux grandes choses, quels qu’en soient le principe et le but. Le parti contre lequel ils luttaient, au contraire, non-seulement a vaincu, mais il a vaincu avec éclat, il a fait de grandes choses, et par de grands moyens ; il a soulevé les peuples ; il a semé en Europe de grands hommes ; il a changé, à la face du soleil, le sort et la forme des États. Tout, en un mot, a été contre les Jésuites, et la fortune et les apparences ; ni le bons sens qui veut le succès, ni l’imagination qui a besoin d’éclat, n’ont été satisfaites par leur destinée. Et pourtant, rien n’est plus certain, ils ont eu de la grandeur ; une grande idée s’attache à leur nom, à leur influence, à leur histoire. C’est qu’ils ont su ce qu’ils faisaient, ce qu’ils voulaient ; c’est qu’ils ont eu pleine et claire connaissance des principes d’après lesquels ils agissaient, du but auquel ils tendaient ; c’est-à-dire qu’ils ont eu la grandeur de la pensée, la grandeur de la volonté ; et elle les a sauvés du ridicule qui s’attache à des revers obstinés et à de misérables moyens. Là,