Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/376

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la révolution d’Angleterre était donc essentiellement politique ; elle s’accomplissait au milieu d’un peuple et dans un siècle religieux ; les idées et les passions religieuses lui servaient d’instruments ; mais son intention première et son but définitif étaient politique, tendaient à la liberté, à l’abolition de tout pouvoir absolu.

Je vais parcourir les différentes phases de cette révolution, la décomposer dans les grands partis qui s’y sont succédés ; je la rattacherai ensuite au cours général de la civilisation européenne ; j’y marquerai sa place et son influence ; et vous verrez, par le détail des faits comme au premier aspect, qu’elle a bien été le premier choc du libre examen et de la monarchie pure, la première explosion de la lutte de ces deux grandes forces.

Trois partis principaux se montrent dans cette puissante crise ; trois révolutions y étaient en quelque sorte contenues, et se sont successivement produites sur la scène. Dans chaque parti, dans chaque révolution deux partis sont alliés et marchent ensemble, un parti politique et un parti religieux ; le premier à la tête, le second à la suite ; mais nécessaires l’un à l’autre ; en sorte que le double caractère de l’événement est empreint dans toutes ses phases.

Le premier parti qui paraisse, celui sous la bannière duquel tous les autres ont marché d’abord, c’est le parti de la réforme légale. Quand la révolution d’Angleterre a commencé, quand le long parlement s’est assemblé en 1640, tout le monde disait, et beaucoup de gens croyaient sincèrement que la réforme légale suffirait à tout ; qu’il y avait dans les anciennes