Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/387

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et de pouvoir. Ils formèrent un parti qui s’allia avec le parti national mécontent, et Clarendon fut renversé.

Alors arriva un nouveau système de gouvernement, celui de cette portion du parti royaliste que je viens de décrire ; les roués, les libertins formèrent le ministère qu’on appela le ministère de la Cabale, et plusieurs des administrations qui lui succédèrent.

Voici quel était leur caractère. Aucune inquiétude des principes, ni des lois, ni des droits ; aucun souci de la justice et de la vérité ; on cherchait quels étaient les moyens de réussir dans chaque occasion ; si le succès dépendait de l’influence des communes, on abondait dans ce sens ; s’il fallait se jouer de la chambre des communes, on s’en jouait, sauf à lui demander pardon le lendemain. On tentait un jour la corruption, un autre jour on flattait l’esprit national ; aucun soin des intérêts généraux du pays, de sa dignité, de son honneur ; en un mot, un gouvernement profondément égoïste et immoral, étranger à toute doctrine, à toute vue publique ; mais au fond, et dans la pratique des affaires, assez intelligent et assez libéral. C’est là le caractère de la Cabale, du ministère du comte de Danby et de tout le gouvernement anglais de 1667 à 1679. Malgré son immoralité, malgré son dédain des principes et des intérêts véritables du pays, ce gouvernement fut moins odieux, moins impopulaire que ne l’avait été le ministère de Clarendon ; pourquoi ? parce qu’il était bien plus de son temps, qu’il comprenait mieux les sentiments du peuple, même en s’en jouant. Il n’était pas vieux et étranger comme celui de Clarendon ; et