Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/389

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tous les ministères, du ministère légal, du ministère corrompu, du ministère national ; aucun n’avait réussi. Le pays et la cour se trouvaient dans une situation à peu près la même que celle où s’était trouvée l’Angleterre en 1653, à la fin de la tourmente révolutionnaire. On eut recours au même expédient : ce que Cromwell avait fait au profit de la révolution, Charles II le fit au profit de sa couronne ; il rentra dans la carrière du pouvoir absolu.

Jacques II succède à son frère. Alors une seconde question vient s’ajouter à celle du pouvoir absolu, la question de la religion. Jacques II veut faire triompher le papisme en même temps que le despotisme. Voilà donc, comme à l’origine de la révolution, une lutte religieuse et une lutte politique, engagées toutes les deux contre le gouvernement. On a beaucoup demandé ce qui serait arrivé si Guillaume III n’eût pas existé, et s’il ne fût pas venu avec ses Hollandais mettre fin à la querelle soulevée entre Jacques II et le peuple anglais. Je crois fermement que le même événement aurait été accompli. L’Angleterre tout entière, sauf un très petit parti, était ralliée à cette époque contre Jacques, et très certainement, sous une forme ou sous une autre, elle aurait fait la révolution de 1688. Mais cette crise arriva par des causes supérieures même à l’état intérieur de l’Angleterre. Elle a été européenne aussi bien qu’anglaise. C’est ici que la révolution d’Angleterre se rattache par les faits mêmes, et indépendamment de l’influence qu’a pu exercer son exemple, au cours général de la civilisation européenne.

Pendant qu’en Angleterre éclatait la lutte que je