Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/399

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sociétés a donc, à tout prendre été la même ; et quoique les différences soient réelles la ressemblance est encore plus profonde. Un rapide tableau des temps modernes ne vous laissera aucun doute à ce sujet.

Dès qu’on jette un coup d’œil sur l’histoire de l’Europe dans les dix-septième et dix-huitième siècles, il est impossible de ne pas reconnaître que la France marche à la tête de la civilisation européenne. En commençant ce cours, j’ai déjà insisté sur ce fait, et j’ai essayé d’en indiquer la cause. Nous le retrouvons ici plus éclatant qu’il n’a jamais été.

Le principe de la monarchie pure, de la royauté absolue avait dominé en Espagne sous Charles-Quint et Philippe II, avant de se développer en France sous Louis XIV. De même le principe du libre examen avait régné en Angleterre au dix-septième siècle, avant de se développer en France au dix-huitième. Cependant la monarchie pure n’était pas partie d’Espagne, ni le libre examen d’Angleterre pour envahir l’Europe. Les deux principes, les deux systèmes demeuraient en quelque sorte confinés dans le pays où ils avaient éclaté. Il a fallu qu’ils passassent par la France pour étendre leurs conquêtes ; il a fallu que la monarchie pure et la liberté d’examen devinssent françaises pour devenir européennes. Ce caractère communicatif de la civilisation française, ce génie social de la France qui s’est produit à toutes les époques, a donc brillé surtout à celle dont nous nous occupons en ce moment. Je n’insisterai point sur ce fait ; il vous a été développé avec autant de raison que d’éclat, dans les leçons où vous avez été appelés à observer l’influence de la littérature et de la philosophie