Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/405

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elles sont dictées par des motifs sérieux, c’est telle limite naturelle qu’on veut atteindre, telle population qui parle la même langue et qu’on veut s’adjoindre, tel point de défense qu’il faut acquérir contre une puissance voisine. Sans doute l’ambition personnelle s’y mêle ; mais examinez l’une après l’autre les guerres de Louis XIV, celles surtout de la première partie de son règne, vous leur trouverez des motifs vraiment politiques ; vous les verrez conçues dans un intérêt français, dans l’intérêt de la puissance, de la sûreté du pays.

Les résultats ont mis le fait en évidence. La France d’aujourd’hui est encore, à beaucoup d’égards, telle que les guerres de Louis XIV l’ont faite. Les provinces qu’il a conquises, la Franche-Comté, la Flandre, l’Alsace, sont restées incorporées à la France. Il y a des conquêtes sensées, comme des conquêtes insensées : Louis XIV en a fait de sensées ; ses entreprises n’ont point ce caractère de déraison, de caprice, jusque là si général ; une politique habile, sinon toujours juste et sage, y a présidé.

Si je passe des guerres de Louis XIV à ses relations avec les États étrangers, à sa diplomatie proprement dite, je trouve un résultat analogue. J’ai insisté, Messieurs, sur la naissance de la diplomatie en Europe, à la fin du quinzième siècle. J’ai essayé de montrer comment les relations des gouvernements et des États entre eux, jusqu’alors accidentelles, rares, courtes, étaient devenues à cette époque plus régulières, plus longues ; comment elles avaient pris un caractère de grand intérêt public ; comment en un mot, à la fin du quinzième et dans la première moitié