Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de développement ; il réveille aussitôt l’idée d’un peuple qui marche, non pour changer de place, mais pour changer d’état ; d’un peuple dont la condition s’étend et s’améliore. L’idée du progrès, du développement, me paraît être l’idée fondamentale contenue sous le mot de civilisation.

Quel est ce progrès ? quel est ce développement ? Ici réside la plus grande difficulté.

L’étymologie du mot semble répondre d’une manière claire et satisfaisante : elle dit que c’est le perfectionnement de la vie civile, le développement de la société proprement dite, des relations des hommes entre eux.

Telle est, en effet, l’idée première qui s’offre à l’esprit des hommes, quand on prononce le mot civilisation ; on se représente à l’instant l’extension, la plus grande activité et la meilleure organisation des relations sociales : d’une part, une production croissante de moyens de force et de bien-être dans la société ; de l’autre, une distribution plus équitable, entre les individus, de la force et du bien-être produits.

Est-ce là tout, Messieurs ? Avons-nous épuisé le sens naturel, usuel, du mot civilisation ? Le fait ne contient-il rien de plus ?

C’est à peu près comme si nous demandions : L’espèce humaine n’est-elle, au fond, qu’une fourmilière, une société où il ne s’agisse que d’ordre et de bien-être, où plus la somme du travail sera grande et la répartition des fruits du travail équitable, plus le but sera atteint et le progrès accompli ?

L’instinct des hommes répugne à une définition