Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/57

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pas à une autre cause ; les grands hommes qui ont changé la face du monde, après s’être changés eux-mêmes, n’ont pas été poussés, gouvernés par un autre besoin. Voilà pour le changement qui s’est opéré dans l’intérieur de l’homme : prenons l’autre. Une révolution s’accomplit dans l’état de la société ; elle est mieux réglée, les droits et les biens sont répartis plus justement entre les individus ; c’est-à-dire, que le spectacle du monde est plus pur, plus beau, que la pratique, soit des gouvernements, soit des rapports des hommes entre eux, est meilleure. Eh bien ! croyez-vous que la vue de ce spectacle, que cette amélioration des faits extérieurs, ne réagissent pas sur l’intérieur de l’homme, sur l’humanité ? Tout ce qu’on dit de l’autorité des exemples, des habitudes, de beaux modèles, n’est pas fondé sur autre chose, sinon sur cette conviction qu’un fait extérieur, bon, raisonnable, bien réglé, amène tôt ou tard, plus ou moins complètement, un fait intérieur de même nature, de même mérite ; qu’un monde mieux réglé, un monde plus juste, rend l’homme lui-même plus juste ; que l’intérieur se réforme par l’extérieur, comme l’extérieur par l’intérieur ; que les deux éléments de la civilisation sont étroitement liés l’un à l’autre ; que des siècles, des obstacles de tout genre, peuvent se jeter entre eux ; qu’il est possible qu’ils aient à subir mille transformations pour se rejoindre l’un l’autre ; mais que tôt ou tard ils se rejoignent ; que c’est la loi de leur nature, le fait général de l’histoire, la croyance instinctive du genre humain. (Applaudissements.)

Messieurs, je crois non pas avoir épuisé, tant s’en