Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/67

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cédé celle de l’Europe moderne, soit en Asie, soit ailleurs, y compris même la civilisation grecque et romaine, il est impossible de ne pas être frappé de l’unité qui y règne. Elles paraissent émanées d’un seul fait, d’une seule idée ; on dirait que la société a appartenu à un principe unique qui l’a dominée, et en a déterminé les institutions, les mœurs, les croyances, en un mot tous les développements.

En Égypte, par exemple, c’était le principe théocratique qui possédait la société tout entière ; il s’est reproduit dans ses mœurs, dans ses monuments, dans tout ce qui nous reste de la civilisation égyptienne. Dans l’Inde, vous trouverez le même fait ; c’est encore la domination presque exclusive du principe théocratique. Ailleurs, vous verrez une autre organisation : ce sera la domination d’une caste conquérante ; le principe de la force possédera seul la société, lui imposera ses lois, son caractère. Ailleurs, la société sera l’expression du principe démocratique ; ainsi il est arrivé dans les républiques commerçantes qui ont couvert les côtes de l’Asie-Mineure et de la Syrie, dans l’Ionie, la Phénicie. En un mot, quand on considère les civilisations antiques, on les trouve toutes empreintes d’un singulier caractère d’unité dans les institutions, les idées, les mœurs ; une force unique, ou du moins très prépondérante, gouverne et décide de tout.

Ce n’est pas à dire que cette unité de principe et de forme dans la civilisation de ces États y ait toujours prévalu. Quand on remonte à leur plus ancienne histoire, on s’aperçoit que souvent les diverses forces qui peuvent se déployer au sein d’une société,